L'alcool déshydrate

L'alcool déshydrate, mieux vaut l'éviter après une activité physique ou sportive, sinon attention aux crampes. Découvrez pourquoi...

alcool déshydrate

L’alcool (éthanol) est une petite molécule qui diffuse dans l’organisme très rapidement, avant d’être transformée (à 90%) au niveau de notre foie.

 

Cela lui laisse le temps d’agir au niveau de tous les organes (cerveau et cœur en particulier), les tissus comme les muscles.

 

 

LES EFFETS D’UNE ALCOOLISATION AIGÜE


L’alcool agit sur une hormone, l’hormone anti-diurétique ou vasopressine, en bloquant la réabsorption de l’eau au niveau des reins. Ainsi, l’alcool accélère la diurèse, l’élimination d’urine : les urines sont abondantes et claires (avec la bière, par exemple). Vous avez sans doute à l’esprit la fête de la bière à Munich (Oktober Fest), où la bière coule à flots et où on dénombre de 900 mètres d’urinoirs.


Boire de l’alcool ne permet pas de s’hydrater, bien au contraire ! Cela entraine une déshydratation, la sensation de bouche sèche et des maux de tête, et peut s’accompagner d’une perte de sodium (chez le gros buveur de bière en particulier), de potassium et de magnésium. Tous les ingrédients pour avoir des crampes musculaires. Le conseil est donc de bien s’hydrater au cours des soirées où l’on boit de l’alcool, alterner consommation d’alcool et de boissons sans alcool (eau, jus de fruit, par exemple).


De plus, chez les sportifs (sports d’endurance en particulier), l’alcool fait baisser la capacité des muscles à utiliser le glucose et les acides aminés, tous deux essentiels pour construire de nouvelles fibres musculaires et des vaisseaux sanguins. Vous vous exposerez à une forte augmentation du risque de blessures musculaires. Il faut donc déconseiller la prise d’alcool après les entraînements et les phases de récupération.


Il faut donc bien boire, mais de l’eau pas d’alcool comme la bière par exemple. Et attention aux boissons énergisantes (energy drinks) comme le Red Bull, qu’il ne faut pas confondre avec les boissons énergétiques (sport drinks) : leur association avec l’alcool va en masquer les effets : moins de fatigue, moins la bouche sèche, moindre perception des troubles de la coordination motrice (Arvers, Courrier des Addictions, 2011).


De plus, éviter les boissons énergisantes sans sucre pendant ou après un effort : l’absence de sucre (glucose) va aggraver l’acidose lactique et favoriser l’apparition de crampes musculaires.

 

 

LES EFFETS D’UNE ALCOOLISATION CHRONIQUE


La prise régulière d’alcool peut être à l’origine de l’apparition de crampes nocturnes : une étude cas-témoins menée par Delacour et al. (Annals of Family Medicine, 2018) auprès de 140 seniors (âge moyen : 68 ans) montre que la prise d’alcool au moins 1 fois par semaine multiplie par 6,5 le risque d’avoir des crampes nocturnes au niveau des jambes.


L’éthanol agit sur les fibres nerveuses, au niveau de la gaine de myéline (graisse formant la gaine des cellules nerveuses , lesneurones), et peut entraîner une atteinte de plusieurs nerfs, une polyneuropathie ou polynévrite, qui va toucher les 2 membres inférieurs. Cela se manifeste classiquement lorsque la consommation dépasse 21 verres d’alcool par semaine chez l’homme, 14 verres par semaine chez la femme (anciennes recommandations de l’OMS, revues à la baisse en 2017 par Santé Publique France).


Ces douleurs sont aggravées par le froid et l’humidité, et améliorées par la chaleur.
Une carence en thiamine (Vitamine B1), vitamine nécessaire pour transformer le glucose en énergie (au niveau du cerveau en particulier) est souvent retrouvée. Cela s’explique par les carences alimentaires observées chez la personne alcoolodépendante, avec une mauvaise alimentation qui entraîne un manque de vitamines.


L’apparition progressive de crampes musculaires qui débutent aux extrémités (sensation d’avoir les pieds froids)  et remontent ensuite aux mollets est classique. L’arrêt de la consommation d’alcool associé à la prise de vitamine B1 permet de réduire progressivement cette atteinte nerveuse.

 

 

LES CRAMPES MUSCULAIRES


Parmi les causes de crampes musculaires, on retiendra l’origine métabolique : la surproduction d’acide lactique, et suite à la perte d’eau (déshydratation), la perte de métabolites comme le sodium ou le potassium.


La pratique d’une activité sportive peut provoquer des crampes, car des fibres musculaires vont être détruites au cours de l’effort et de l’acide lactique va être produit en excès. En effet, la succession de contractions musculaires limite la circulation sanguine et l’apport d’oxygène aux muscles. Ceux-ci continuent à utiliser du sucre (glucose) pour fonctionner, par un processus de fermentation lactique. Cette transformation permet de libérer un peu d’énergie, sans que l’on ait besoin d’oxygène ; mais l’accumulation de l’acide lactique induit une fatigue musculaire qui limite la durée de tels efforts.


La transpiration permet de réguler la température du corps lors d’une activité physique ou sportive, et de maintenir une température constante. La sueur contient de l’eau, mais aussi des sels minéraux comme le sodium et le potassium. Ces pertes sont aussi à l’origine de crampes musculaires.

 

En conclusion, l’alcool peut donc être responsable de crampes musculaires, voire les aggravées, lors d’alcoolisations aigües ou chroniques. Bien se réhydrater avec des boissons sans alcool (eau plate, eau gazeuse) permettra d’éviter la survenue de crampes musculaires.

 

 

Auteur : ARVERS Philippe (Dr - Médecin addictologue)

 

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